Est-ce bien intéressant de faire du foin en juin pour le redistribuer un mois plus tard ? Pourquoi ne pas laisser l’herbe sur pied pour maintenir le pâturage estival ? Dans ce cas, quelle serait la marche à suivre ?
Du fait d’une pousse de l’herbe ralentie au cours de juillet et août, le pâturage de stocks d’herbe sur pied permet de maintenir un pâturage estival en évitant la distribution des stocks fourragers. L’objectif de cette pratique est donc d’accumuler de l’herbe sur pied à la suite d’une longue période de repousse en fin de printemps.
Comment préparer le stock d’herbe sur pied ?
Cette pratique peut être mise en œuvre dans des systèmes fourragers en production laitière et de viande à partir du moment où l’on dispose d’une surface en herbe suffisante : au moins 35 ares/VL (prévoir plus en conditions séchantes : prévoir 10 ares par vaches de stocks sur pied pour viser 3 à 4 semaines de pâturage supplémentaire en conditions séchantes.)
Après avoir pâturé ou fauché dans la deuxième quinzaine de mai, la parcelle est retirée du cycle de pâturage pour constituer la réserve d’herbe sur pied. Après 40 à 45 jours, la parcelle pourra être pâturée.
Comment pâturer les stocks d’herbe sur pied ?
Le pâturage est généralement conduit au fil avant afin d’éviter le gaspillage dû à la hauteur importante de l’herbe. Il n’est pas nécessaire de mettre un fil arrière afin de permettre aux vaches de finir le nettoyage de la parcelle en revenant sur la partie précédemment pâturée, en restant attentif sur le fait de ne pas raser la prairie sous peine de pénaliser la repousse, voire endommager la praire.
Les premiers jours, il est possible de définir une surface minimale par vache et par jour de 50 m² pour ne pas limiter la consommation des animaux et entraîner une perte éventuelle de production.
Quelles sont les parcelles adaptées à cette pratique ?
Il est conseillé de privilégier des parcelles présentant un sol profond, avec un bon potentiel de pousse de l’herbe en début de saison estivale. Les prairies infestées de rumex et chardons seront évitées au profit de parcelles d’associations riches en légumineuses (40 à 60%) ; tel que le trèfle qui conserve une bonne appétence et des valeurs alimentaires correctes ; et des espèces qui vieillissent bien comme la fétuque élevée ou le dactyle par exemple.
Quels animaux privilégier pour la valorisation des stocks d’herbe sur pied ?
Généralement, le pâturage des stocks d’herbe sur pied est à privilégier pour des animaux ayant des besoins modérés. Le fourrage pâturé sera de qualité similaire à un foin. Le maintien d’une bonne valeur alimentaire du stock d’herbe sur pied permet de couvrir les besoins de vaches en fin de lactation. Il pourra également permettre de satisfaire les besoins des génisses, des vaches taries et des taureaux.
Quelques astuces pour réussir le pâturage de stocks d’herbe sur pied
- Sur les parcelles destinées aux stocks d’herbe sur pied, il est nécessaire d’avoir contrôlé les épis par le pâturage ou par le fauchage,
- S’assurer d’avoir accumulé suffisamment d’herbe sur la prairie et de disposer au moins de 30 jours d’avance au pâturage (prévoir 10 jours supplémentaires en zone séchante),
- Conduire le pâturage au fil avant, afin de limiter le gaspillage d’herbe (hauteur d’herbe supérieure à 20 cm dans certains cas),
- Viser un temps de repousse de la prairie de 60 jours au maximum et s’adapter selon le taux de trèfle présent dans la parcelle (au moins 40 %) pour maintenir une valeur alimentaire satisfaisante.
Le stock d’herbe sur pied est une pratique valable en période estivale pour prolonger le pâturage et réduire son coût alimentaire. Cette pratique présente également un intérêt avec de l’herbe d’automne non exploitée pour un pâturage hivernal, lorsque l’on dispose du parcellaire adéquat.
