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Dans un contexte de changement climatique et d’adaptation constante des pratiques agronomiques aux aléas climatiques, agrémenté de contraintes économiques et de volonté d’améliorer son impact environnemental et la qualité de vie de ses salariés, la ferme du lycée de Sées, située dans le sud de l’Orne s'interroge sur son avenir.
Depuis deux ans, le lycée est engagé dans le « Plan lycée durable » financé par la Région Normandie. Cela a permis au corps enseignant, administratif et aux élèves de s’imprégner de la démarche et de mettre en œuvre des premières actions : plantation de haies, abris pour la biodiversité, économies d’eau et d’énergie, programmes d’enseignement spécialement dédiés à l’étude puis la mise en œuvre d’actions en faveurs de l’environnement et de la biodiversité, etc.

C’est dans cette dynamique globale que la ferme du lycée de Sées s’est adressé au CIVAM normand de Vassy pour les accompagner dans sa transition vers une agriculture plus durable. L’objectif est d’être accompagné sur le volet animation pour enclencher une démarche globale et coopérative : différents temps forts au cours de l’année scolaire 2023-2024 ont permis de mettre en commun et de co-construire les programmes d’action sur plusieurs thèmes. Le volet pédagogique est très mobilisé pour permettre des apports techniques, tout en maintenant la dynamique de réflexion collective sur les évolutions de pratique de la ferme du lycée, avec un regard nouveau. Enfin des apports techniques permettent de veiller à allier et maintenir la durabilité économique, sociale, et environnementale de la ferme. A termes, l’objectif du lycée est de faire reconnaitre son engagement, vitrine agricole locale.

Actuellement, 3 ateliers principaux composent la ferme :

  • l’élevage bovin lait en 100 % vaches Normandes et un atelier de conservation de races de volailles.
  • l’atelier de production végétale avec la vente de cultures principalement bl.
  • et un atelier cidricole qui transforme les pommes du verger conservatoire de l’établissement.

En septembre 2023 un premier temps fort a eu lieu pour établir tout un programme d’actions. Plus de 40 participants composés d’élèves et d’enseignants se sont d’abord interrogés sur leur ferme idéale pour 2035, puis la réflexion a été transposée de manière collective à la ferme du lycée.

assolement Ferme lycee de Sées

5 grands axes de travail en sont issus :

  • l’élevage en système herbager et arboré.
  • améliorer le bien-être animal.
  • améliorer la qualité des sols.
  • améliorer les pratiques culturales via la diversification et l’allongement des rotations.
  • et enfin un axe sur la diversification de la ferme (production d’énergie, récupération de l’eau de pluie, développement d’autres activités agricoles telles que le maraîchage etc.)

world cafe axe de travailDes trajectoires d’actions à développer à court, moyen et long terme ont éclos de ces groupes de travail.
Au cours de l’année, plusieurs interventions dans les classes du lycée de Sées ont permis dans un premier temps d’établir des diagnostics sur l’état actuel de la ferme, afin de définir ses marges de manœuvre. Diagnostic de durabilité du RAD, diagnostic des pratiques de cultures actuelles avec la mallette Ecophyt’eau, diagnostic d’autonomie fourragère et diagnostic de sols ont également contribué à dresser le tableau des actions à développer et pratiques à faire évoluer.
Les résultats des différents diagnostics et temps de rencontres sont capitalisés et disponibles sur un serveur commun, afin que chacun puisse à tout moment consulter et abonder les travaux réalisés. Tous les mercredis après-midi, des temps d’échanges en autogestion des groupes de travail sont proposés. A ce jour, ce créneau ne rassemble pas les foules, ce qui n’empêche pas la ferme du lycée de continuer son chemin.

En janvier 2024, un deuxième grand temps fort a permis de mettre le corps enseignant et administratif en situation face à des scénarios de « rupture » afin de passer des axes de réflexions aux pistes d’actions concrètes :

L'énergie et les intrants nécessaires à l'agriculture sont devenues très chers (engrais, carburant, pesticides...) impactant toute la filière. Comment faire à la ferme avec peu/pas de pétrole et sans approvisionnement extérieur ? Les chaînes d’approvisionnement alimentaires sont rompues, comment faire pour répondre au besoin alimentaire locale ?

Le climat s’est déréglé plus vite que prévu, comment faire pour s’adapter à ce climat très rude et contrasté ? Comment faire pour arriver à un système zéro émissions de GES et maximiser le captage de carbone (retirer et compenser) ?

L’agriculture durable est maintenant soutenue et subventionnée par des Paiement pour services environnementaux (PSE) , comment faire pour maximiser la biodiversité sur la ferme ? Comment faire pour mettre la biodiversité au service de la production ?

Les ressources très limitées nécessitent de les préserver. Comment faire pour minimiser l’usage et les rejets d’eau ? Comment faire un système zéro déchet et valorisation des sous-produits non utilisés via une démarche de recyclage ou réemploi ?

8 groupes de travail ont réparti les 50 enseignants et salariés en groupes de co-construction, permettant in fine de choisir 3 leviers à mettre en œuvre les plus efficaces et en priorité pour répondre à leurs problématiques. Un temps de vote en assemblée a permis de sélectionner 4 grands fils rouge à suivre. L’exercice a été fort apprécié des participants : même les profs d’anglais et d’histoire ont pu partager leurs idées. L’exercice de la construction met les participants en position d’entraide, chacun explique aux autres ses idées, et de là en germent de nouvelles.

La suite des réflexions et des actions concrètes mises en œuvre dans un prochain article !